Aude Fauvel
Par des élèves du secondaire 1
Maître d’enseignement et de recherche à la Faculté de biologie et de médecine, Institut des humanités en médecine, CHUV-UNIL
Mon Métier
Je suis historienne et maître d’enseignement et de recherche en histoire de la médecine à la Faculté de biologie et de médecine de l’Université de Lausanne. Mon métier consiste à faire de la recherche, à enseigner et à collaborer avec des professionnel·le·s de santé pour réfléchir aux théories et aux pratiques de santé.
Ce qui m’inspire et me motive
D’abord le challenge. Je suis une historienne dans une Faculté de biologie et de médecine, donc je me sens un peu comme une extraterrestre ! Avec mes collègues professionnel·le·s de santé, je dois m’adapter et montrer que l’histoire est utile, qu’il faut comprendre ce qui s’est passé pour construire la médecine du futur. Les étudiant·e·s m’inspirent aussi beaucoup. Ils et elles posent des questions concrètes, nouvelles, et ont un regard plus ouvert sur le monde qui les entoure.
Être une femme dans ce contexte
Historienne ou pas, ce n’est pas toujours facile d’être une femme dans le milieu médical. Il y circule en effet de nombreux préjugés, tant par rapport aux femmes, que par rapport aux hommes. On dit souvent que la médecine est neutre, mais les codes restent dominés par des valeurs masculines de « garçons en
blanc » (Howard Becker). Et je trouve dommage qu’en montant les échelons il y ait de moins en moins de femmes.
Valeurs importantes à mes yeux
La valeur la plus importante à mes yeux est de défendre la tolérance. Il y a toujours eu des personnes avec des couleurs de peau, des comportements et des physiques variés. Le réflexe de la médecine et des sciences a longtemps été de traduire ces différences en hiérarchies, de vouloir classer les gens en inférieurs/supérieurs, en « sexe fort »/« sexe faible ». C’est un réflexe nuisible. L’humanité est riche de ses différences : il faut chercher à les comprendre, pas à les hiérarchiser.
Une anecdote
Une fois, on m’a prise pour un homme. J’étais venue il y a 10 ans à Londres pour faire une présentation à un colloque. J’avais échangé avec les organisatrices par email. Mais mon prénom dans cette langue n’évoque rien. Du coup, quand je suis arrivée, elles étaient très surprises et m’ont dit : « Ah mais vous êtes une femme ! On croyait que vous étiez un vieil homme parce que vous aviez une manière un peu ‘old school’ d’écrire ». J’ai eu l’impression qu’elles étaient un peu déçues, c’était bizarre.
Message aux futur·e·s scientifiques
Ne cachez pas qui vous êtes et prenez conscience qu’en travaillant comme femme dans le monde scientifique vous participez au changement. Il faut se voir comme une force d’action et ne pas se dire qu’être femme est un défaut, mais que si on est là, c’est grâce à nos mères, grands-mères, arrière-grands-mères qui se sont battues pour ça. On se doit de leur rendre hommage. Être une femme dans ce métier c’est une force.
Portrait par Luna, Maëva et Marine, 11VG3, La Tour-de-Peilz
Illustration : Maurane Mazars