Par des élèves du secondaire 1
1098 – 1179
Abbesse, mystique, guérisseuse, botaniste, compositrice de chants religieux et femme de lettres
Religieuse, elle ne s’est pas mariée et a étudié dans un monastère. Dès trois ans, elle a eu des visions, mais n’en a parlé que plus tard. Une femme n’était pas censée écrire sur des sujets religieux. Le pape l’a cependant autorisée à écrire. Elle a ainsi rédigé des textes sur ses visions ainsi que sur la médecine, les plantes et des chants. Elle a beaucoup voyagé pour prêcher, ce qui était rare pour une femme à l’époque. En 2012 seulement, elle est officiellement devenue sainte.
Au XIIe siècle, il était très rare que les femmes sachent lire et écrire. Elles étaient sous la tutelle d’un homme qui décidait de ce qu’elles faisaient de leurs vies. À cette époque, l’homme était très clairement considéré comme supérieur par rapport à la femme. La seule manière pour une femme d’être écoutée était que ce ne soit pas elle qui parle, comme Madame Bingen, qui avait des visions et qui parlait au nom de Dieu.
En 2012, le pape l’a nommée “Docteure de l’Église”, pour son œuvre, titre qui a été donné à très peu de femmes.
C’était Dieu qui se manifestait avec son corps donc ce n’était pas si difficile pour elle, et tout ce qu’elle faisait, c’était comme si c’était Dieu qui le faisait. Donc elle n’avait pas d’obstacles, mais sans l’accord du pape, rien n’aurait été possible.
Une image des femmes plus positive que celle des hommes de son époque, une femme qui donne la vie et qui crée le monde.
Hildegarde de Bingen a aussi fait chanter les religieuses de son abbaye, alors que le chant religieux était réservé aux moines. C’était nouveau à cette époque.
Portrait par Loris, Miguel et Mathis, 9VP3, La Tour-de-Peilz
Illustration : Maurane Mazars
Par des élèves du secondaire 1
1856 – 1917
Doctoresse en médecine diplômée à la Faculté de médecine de Zurich en 1896.
A notamment travaillé dans un sanatorium privé à Ascona
D’origine autrichienne, elle étudie à la Faculté de médecine de Zurich (1890-96), une des seules au monde qui accepte alors les femmes. Elle travaille entre l’Allemagne et la Suisse, où elle exerce dans un sanatorium à Ascona. En 1901, elle publie un manuel de santé pour les femmes, qui aborde des sujets osés comme la sexualité. C’est un best-seller qui a un impact positif sur la santé de plusieurs générations de femmes. Pourtant, malgré cette importance, Anna est aujourd’hui absente des livres d’histoire.
Elle vit la majeure partie de son existence dans un cadre politique assez calme. Mais au début du XXe siècle, la situation européenne se dégrade jusqu’à la Première Guerre mondiale. Cette guerre donne l’occasion aux femmes de travailler et de remplacer les hommes partis au front dans des secteurs qui leur étaient auparavant fermés. Ceci aboutira à repenser leur place dans la société. Anna Fischer-Dückelmann ne verra toutefois pas ces changements puisqu’elle meurt en 1917 à Ascona.
« Plus la femme jouit d’une culture intellectuelle développée, plus elle devient indépendante et plus aussi elle manifeste clairement et énergiquement ses sentiments. » Anna Fischer-Dückelmann,1901
Au début du XXe siècle, la femme est considérée comme un « sexe faible », c’est-à-dire inférieure à l’homme. Les femmes n’ont pas beaucoup d’accès à l’enseignement supérieur. Dans de nombreux pays, les universités leur sont même complètement interdites. Il était mal vu pour une femme de faire du sport. Les femmes avaient peu de liberté. Elles étaient sous l’autorité légale de leurs maris. Elles devaient s’occuper de la famille et de la maison.
Anna Fischer-Dückelmann a défendu l’égalité de droits entre les hommes et les femmes. En tant que médecin, elle critiquait l’idée du « sexe
faible ». Elle pensait que les femmes pouvaient faire du sport, qu’elles avaient le droit à une sexualité épanouie, à l’éducation et au savoir.
Portrait réalisé par Gustave, Dimitri, Lucien, Marc, 10VP3, l’Élysée
Illustration : Maurane Mazars
Par des élèves du secondaire 1
1885 – 1942
Pionnière oubliée de la psychanalyse pour enfants
Née en Russie en 1885, Sabina Spielrein est envoyée en Suisse pour recevoir des soins pour hystérie. Après des études de médecine, elle devient psychanalyste et écrit une thèse sur la schizophrénie. Plus tard elle se lie à un célèbre psychanalyste nommé Jung et développe des théories sur la psychologie des enfants. En 1920, elle enseigne la psychanalyse et la pédagogie à l’Institut J.-J. Rousseau à Genève. Ses recherches basées sur sa fille ont inspiré les travaux de nombreux psychanalystes.
Quand Sabina Spielrein rentre en Russie en 1923, la psychanalyse a été interdite, on perd alors sa trace. En 1942, la Russie est occupée par les nazis. Lors d’une rafle, Sabina est fusillée, car elle était juive.
Une valise contenant des lettres de correspondance avec Jung et Freud a permis de découvrir son histoire.
Elle vécu dans des conditions précaires et «a vu sa vie dérobée par les hommes autour d’elle», selon sa biographe Violaine Gelly.
Sabina Spielrein a connu différents régimes politiques et elle a beaucoup voyagé, ce qui n’était pas courant pour une femme. Elle a fait des études de médecine où peu de femmes étaient admises. La psychanalyse était principalement dominée par les hommes. Elle est pionnière dans cette branche de la médecine, bien qu’on insiste surtout sur sa relation amoureuse avec Carl Gustav Jung.
Elle est porteuse de l’idée qu’on pouvait appliquer la psychanalyse aux enfants.
Elle a mené une vie de médecin et de scientifique tout en étant une femme et une mère, ce qui était peu courant à cette époque.
Portrait par Zora, Agathe, et Iona, 10VP3, l’Elysée, Lausanne
Illustration : Maurane Mazars
Par des élèves du secondaire 1
Doctorante, pionnière de l’informatique appliquée aux manuscrits du Moyen Âge, Faculté des lettres, Section de français, UNIL
Je suis une philologue et je m’intéresse à la littérature médiévale française. Mon métier consiste à restaurer des textes anciens pour mieux les comprendre et à les contextualiser. Je travaille surtout dans les bibliothèques et j’ai la chance de pouvoir le faire directement sur les anciens livres et documents. J’utilise pour ce faire la philologie computationnelle, je mène des recherches sur les anciens textes en les numérisant.
Ce qui me motive, c’est la découverte, une mise en valeur d’un texte rare ou inconnu. Le numérique permet alors de le rendre accessible et de pouvoir travailler dessus. Je prépare actuellement l’édition d’une chronique bourguignonne du XVIe siècle jusqu’à présent inexplorée.
J’ai souvent été confrontée à des problèmes liés à mon apparence. J’ai parfois eu le sentiment de devoir prouver ma valeur aux yeux des autres, de devoir justifier ma manière de penser, de parler et d’agir.
Mais malgré cela je n’ai jamais ressenti le besoin de m’adapter, ou de me conformer aux attentes des autres.
Les valeurs importantes à mes yeux, sont la curiosité et la créativité.
Le développement de la pensée critique est une conquête, quotidienne, parfois ardue, dont les résultats ne se voient pas dans l’immédiat.
Mais la passion pour ce que je fais m’a toujours aidé et m’aide encore à surmonter les difficultés du parcours !
Soyez réalistes et créatif·ve·s, soyez curieux·ses. Soyez pragmatiques. Finalement, n’oubliez pas d’être persévérant·e·s et tenaces.
Portrait par Dimitri, Joaquin, Roland et Valentino, 9VP3, La Tour-de-Peilz
Illustration : Maurane Mazars
Par des élèves du secondaire 1
Chercheuse FNS senior, UNIL, responsable de recherche à Unisanté. Anthropologue de la médecine et de la santé, spécialisée en études genre
Après une première formation en soins infirmiers, je me suis spécialisée en anthropologie de la médecine et de la santé. J’ai eu la chance d’aller une année à Berkeley puis de travailler en Angleterre, avant de revenir en Suisse à Lausanne et Neuchâtel. Dans ma thèse, je me suis intéressée au domaine de la procréation médicalement assistée, aux questions de parenté et d’infertilité liée à l’âge. Actuellement, je m’intéresse au domaine de la santé publique et de la santé environnementale.
Je suis passionnée par mon travail. Quand je suis entrée à l’université, un monde s’est ouvert pour moi. La recherche permet de donner du sens au monde dans lequel nous vivons et de comprendre les gens. Elle est un espace de créativité et de partage.
Ce n’est pas facile. J’ai été socialisée en tant que femme. J’accorde par exemple beaucoup d’importance à la dimension relationnelle, j’aime être serviable. Ces qualités ne sont pas très valorisées dans le monde académique, qui est très compétitif. J’ai aussi du mal à m’identifier aux modèles d’autorité dominants, je suis plus en faveur d’une démocratie des savoirs. Les modèles de carrière sont trop rigides à mes yeux aussi pour prendre en compte la richesse et la diversité des parcours de vie.
Le dialogue, le plaisir de la découverte, de la compréhension, l’ouverture et l’engagement aussi.
Pour ma thèse, j’ai rencontré des femmes, des couples, qui se tournaient vers la médecine pour avoir un enfant. Ce sont de beaux échanges, on crée des liens. Actuellement, je m’intéresse à la recherche en santé publique. Se rendre compte de l’intérieur de tout le travail nécessaire à la mise en place d’une cohorte de santé environnementale, pouvoir approfondir les attentes, les expériences des participant·e·s, me permet de questionner mes présupposés et déplacer mon regard sur le savoir scientifique.
La réflexion et la recherche sont des domaines essentiels. Il faut lutter pour préserver du temps et de l’espace pour laisser se développer des idées de qualité, des pensées critiques, des recherches qui font une différence dans les pratiques. Il est important de se remettre en question, de rester ouvert·e à la découverte, au monde qui nous entoure, de ne pas renoncer à ce qui nous donne de la force, de croire à ses idées, oser sortir des cadres établis pour penser.
Portrait par German, Lorik, Melvin et Kanji, 10VG2, La Tour-de-Peilz
Illustration : Maurane Mazars