Mireille Berton

Maître d’enseignement et de recherche en histoire et esthétique du cinéma

Mireille Berton

Maître d’enseignement et de recherche en histoire et esthétique du cinéma

Mon Métier

Une grande partie de mon travail consiste à enseigner en donnant des outils pour analyser des films et des séries télévisées, et plus largement comprendre la manière dont ils sont directement en lien avec leur époque. J’apprends aux étudiant·e·s à réfléchir de manière critique aux images qui nous entourent, à déconstruire les idées reçues, à aller au-delà des apparences et de l’évidence. J’espère les aider à voir certains thèmes universels – la folie, le rêve, la peur, la hantise, l’imagination, etc. – sous un autre angle.

Ce qui m’inspire et me motive

Donner la possibilité aux étudiantes de s’identifier à un modèle d’enseignante et de chercheuse qui soit positif. Leur montrer qu’il est possible de faire une carrière académique avec enthousiasme, mais sans pour autant en donner une image idyllique. Ce qui me motive ? Justement, les étudiant·e·s dont j’apprends beaucoup. L’enseignement est un échange réciproque. Grâce à eux·elles, je deviens chaque jour une meilleure enseignante, mais aussi une meilleure personne. Enfin, j’espère !

Être une femme dans ce contexte

Ce n’est pas toujours facile, y compris dans une faculté de lettres où les professeures sont nombreuses. La faute probablement aux valeurs masculines de performance, de compétition et de concurrence qui régissent le monde académique. Contrairement à ce que l’on peut penser, l’université n’est pas à l’abri des stéréotypes de genre, ainsi que du harcèlement moral et sexuel. Elle est même un immense « boys club » qui défend farouchement ses privilèges, pour reprendre des termes d’Alice Cottin.

Valeurs importantes à mes yeux

Enraciner la recherche dans son vécu et dans la réalité sociale. Ne pas s’enfermer dans une bulle confortable mais regarder autour de soi. On ne peut pas enseigner les études féministes, d’un côté, et mépriser les minorités quelles qu’elles soient, de l’autre. C’est une question d’éthique professionnelle autant que personnelle. Le partage, le dialogue et l’esprit d’équipe me paraissent aussi essentiels pour faire avancer la connaissance, mais ils relèvent parfois d’un idéal difficile à mettre en pratique.

Une anecdote

On m’a dit un jour que le fait d’être « trop sympa », pas assez distante et froide avec les étudiant·e·s et les doctorant·e·s était un obstacle pour devenir professeure. En tant que femme, on est souvent soupçonnée d’être trop « maternante », de vouloir être dans le « care » (le soin à l’autre). Cette anecdote montre à quel point les biais de genre sont tenaces dans ce milieu et que les mentalités sont lentes à changer. Un·e prof devrait forcément être inaccessible et autoritaire, comme si cela lui donnait un pouvoir naturel.

Message aux futur·e·s scientifiques

Prenez comme objet de recherche des femmes ou des thématiques qui permettent de mettre en lumière des groupes sociaux invisibilisés ; soyez solidaires les unes des autres ; apprenez à créer des alliances ; combattez le sexisme ordinaire et extraordinaire même si vous y échappez ; osez faire entendre votre voix qui vaut tout autant que celle d’un homme. Et surtout, n’ayez pas peur de ne pas plaire, car cela donne une immense liberté. C’est aussi le conseil avisé de la philosophe Vinciane Despret.

Portrait réalisé par : le Service Culture et Médiation scientifique

Illustration : Maurane Mazars