Joëlle Schwarz
Responsable de recherche et chargée de cours dans le domaine des questions de genre en médecine, Unisanté, UNIL
Mon Métier
Je suis chercheuse en santé publique à la Faculté de biologie et de médecine. J’essaie de comprendre comment la maladie est répartie dans la population et dans le corps humain. Par exemple, j’essaie de comprendre pourquoi plus d’hommes souffrent d’une maladie particulière, le diabète, ou pourquoi, dans un certain groupe d’âge, il y a plus d’hypertension que dans un autre.
Ce qui m’inspire et me motive
Comme j’ai étudié la sociologie, cela me permet de voir que les systèmes de santé ou l’organisation sociale et politique sont différents selon les pays, et que cela a des effets sur la santé. On voit que dans les pays capitalistes, il y a beaucoup d’inégalités dans le domaine de la santé. Les pauvres n’ont pas la meilleure santé, tandis que les riches peuvent se permettre des soins. Ce qui m’inspire le plus dans mon métier, c’est le sentiment d’avoir la capacité de changer le monde.
Être une femme dans ce contexte
Cela n’est pas toujours évident, car des collègues tombent dans le flirt, donc cela dépasse la barrière du travail et du professionnalisme. Mais dans mon cas, être une femme scientifique ne m’a pas défavorisée. Je peux poursuivre mon travail dans de bonnes conditions.
Valeurs importantes à mes yeux
Pour exercer le métier de scientifique, je trouve qu’il faut être curieuse et persévérante, il faut être créative et animée par le sujet, et il faut avoir de la rigueur et de la patience. Je pense aussi qu’il est très important de comprendre son propre regard sur le monde et comment celui-ci influence le travail scientifique. Et aussi toujours questionner ce qui semble « aller de soi ».
Une anecdote
Lors d’une conférence sur le fonctionnement du système de santé du canton de Neuchâtel, j’ai présenté les inégalités dues à ce système. J’ai pris des legos différents pour représenter la population : hommes, femmes, enfants, personnes âgées, noirs, blancs, migrants, … Puis j’ai ôté des legos selon les groupes que cette politique de santé ne prenait pas en compte et j’ai ainsi essayé de faire prendre conscience que ce système était basé sur une politique qui privilégie les hommes blancs d’âge moyen.
Message aux futur·e·s scientifiques
Ne pas choisir les branches qui ont l’air plus faciles parce qu’il y a plus de femmes, mais avoir le courage de s’orienter vers ce qui nous intéresse.
Portrait par Dulguun, Lucas, Emma, Maria-Diana, 9VP3, La Tour-de-Peilz
Illustration : Maurane Mazars